
“Sur Commande” est une anthologie, plus qu’un nouvel album, réunissant le meilleur de douze années de compositions pour les autres. Elle se frotte à Brecht ou Baudelaire, convoque la photographie (Heliophore Power, Romy vs Clouzot) ou l’Histoire (Arlette – pour Arlette de Falaise, mère de Guillaume le Conquérant) et met en scène, littéralement, les destins croisés d’enfants qui sont autant d’échos peut-être de l’âme du chanteur (Encore moi, Plus Moi, Tout est Ephémère). Et pourtant. Dans leur disparité même et en dépit peut-être des thématiques diverses abordées pour répondre aux besoins de l’exercice, les dix chansons réunies ici s’enchaînent dans une cohérence qui dit beaucoup de leur auteur. Avec une plus large place, c’est logique, accordée aux instrumentaux (dont le très efficace morceau d’ouverture), le disque s’écoute finalement comme un album de GARZ. Il en a tout du moins les marques de fabrique : le flegme à toute épreuve, les rythmiques entraînantes, les claviers vintage, les nappes atmosphériques, les ritournelles immédiates et brutes souvent matinées d’une espièglerie électro… et bien sûr cette indéfinissable légèreté de ton, ce sourire face à la catastrophe qui rend l’écoute étrangement paisible même lorsque le propos est sombre. Et ceux qui connaissent déjà la capacité du bonhomme à trousser des mélodies accrocheuses en un tour de main ne seront pas déçus de ce petit pas de côté.
Avec Sur Commande, l’activiste underground de la chanson montre que la singularité de sa plume, de ses mélodies, de ses arrangements, est d’autant plus frappante qu’elle se met au services d’autres que lui. Et c’est peut-être même dans cette démarche particulière d’ouverture et d’écriture sous contrainte que le chanteur révèle, paradoxalement, sa personnalité artistique la plus profonde.